À l’ombre de Balbec en fleurs


Review d’album – « identités remarquables » de balbec.

l’érosion des sentiments, clip de balbec extrait de leur album « identités remarquables ».

« Je ne comprends pas encore tout ce qu’il se passe mais je crois que j’adore », c’est comme ça qu’on m’a parlé de balbec pour la première fois, et j’ai été assez intrigué pour aller écouter immédiatement. C’est là que je me suis pris dans les oreilles un mélange de math-rock, de rock français et de post-rock bien digéré, le tout enveloppé dans une belle production qui fait plaisir.

Loin de se traîner les clichés de ces genres musicaux (crescendos interminables ou passion pour les maths plus que pour le rock), balbec arrive à faire ressortir brillamment le côté « pop » de ses morceaux, en les faisant respirer grâce à des refrains efficaces et des passages plus légers disséminés tout au long du huit titres.

Découverte d' de Balbec

Le groupe, dont le nom fait référence à la ville fictive brumeuse d’un de mes romans préférés (cœur sur vous), n’en est pas à son coup d’essai. Il s’agit en effet de leur cinquième projet, après une pause de sept ans et un passage apprécié à la langue de Molière. Les cinq membres de balbec ont ainsi un bout de route derrière eux, ce qui explique la facilité avec laquelle on entend les multiples influences du projet se fondre les unes dans les autres. Dans le désordre, ils citent Sonic Youth, les jeunes énervés de Black Midi, l’incontournable Modest Mouse ou encore les trop souvent oubliés RIEN en France.

Liste des morceaux choisis : 

bilboquet

Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, balbec n’a pas fait le choix d’ouvrir son projet sur un morceau plutôt pop, mais sur une bonne baffe noise-math-rock. Par-dessus se posent les divagations d’un enivré plein d’agressivité et de désespoir, dont l’interprétation excellente nous fait vite vibrer à la même fréquence que le groupe.

l’ivresse du diktat

Plus léger et conduit par une ligne mélodique tout à fait accrocheuse, ce morceau nous porte dans une sorte de fièvre revendicatrice, d’ivresse encore mais cette fois-ci positive, révolutionnaire.

l’ire est mon étendard

Guitares qui se croisent, voix aériennes, batteries lourdement rock et rage dans la voix : une bonne synthèse de ce morceau (et de cet album). Un morceau qui explore le thème commun au rock français des politiques de la haine et de la manipulation, mais dans un habillage bien plus subtile, complexe et multiformes que les canons du genre.

l’érosion des sentiments

Le morceau fleuve de fin d’album, et l’un de ceux qui m’ont le plus touché, notamment par ses paroles. Ça parle de tout ce qui se transforme au fur et à mesure que passent les années entre deux personnes, en alternant entre des plages planantes et mélancoliques et des breaks plein de rages qui rappellent parfois Modest Mouse. C’est beau et c’est puissant.

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En résumé, balbec a réussi à garder un ADN rock français solide servi par des textes forts et une interprétation sans fautes, tout en y injectant une complexité math-rock et une énergie post-rock digne de ses meilleures références. Le tout est servi dans un discret écrin indie-pop qui rend l’écoute encore plus agréable, et fait de «identités remarquables» une sortie plus que remarquable de ces derniers mois.

Morceau préféré : l’érosion des sentiments
Liens d’écoute : Bandcamp, Youtube, Deezer, Spotify.

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